Cette croix est typique des objets de piété produits et diffusés en grand nombre entre le XVIIe et le XIXe siècle. Sa double iconographie, représentant à la fois la Vierge et le Christ, en fait un objet de dévotion personnelle, probablement porté sur soi ou suspendu dans une maison. Ces croix accompagnaient la prière, protégeaient le porteur et rappelaient parfois une mission religieuse ou un pèlerinage.
Avers :
Représentation du Christ crucifié, les bras étendus, la tête penchée, avec l’inscription INRI au-dessus de la tête. Sous les pieds du Christ figure un objet stylisé, non identifiable.
Revers :
Représentation de la Vierge à l’Enfant debout, les pieds, posée sur un croissant de lune, symbole marial emprunté à l’Apocalypse et associé à l’Immaculée Conception.
Sur le bras horizontal de la croix : inscription MATER DEI (Mère de Dieu).
Sur la partie inférieure : début d’une inscription verticale, probablement CONC(…), abréviation de Conceptio (Conception).
Le XIXe siècle est une période de fort renouveau religieux dans la France rurale, marquée par une montée de la piété populaire et la diffusion massive d’objets religieux. En Creuse, comme ailleurs, le culte de la Vierge connaît un essor notable à la suite des proclamations dogmatiques, notamment celle de l’Immaculée Conception, définie en 1854 par le pape Pie IX, et des apparitions mariales, telles que celles de La Salette (1846) ou de Lourdes (1858). L’objet découvert au Châtelard s’inscrit pleinement dans ce contexte religieux local, encore très vivant en Creuse au tournant des XVIIe et XIXe siècles. La présence, sur une même croix, de la Vierge à l’Enfant et du Christ crucifié renvoie à une double fonction de dévotion, à la fois mariale et christique.
Source : Gérard Chevalier, Claude Royère