Croix en Creuse
Les témoins de notre histoire

Une pièce remarquable du patrimoine religieux de Bourganeuf est conservée dans l’église Saint-Jean, une magnifique croix de procession en bronze, finement gravée sur toute sa longueur de fleurs de lys, symbole traditionnel de pureté et de royauté. Sur le pommeau central, on distingue un aigle, figure centrale d’une riche symbolique médiévale. Sur le croisillon, le Christ est représenté la tête penchée à droite et les bras relevés, dans une posture empreinte de souffrance mais aussi d’élévation. Jusqu’au début du XXe siècle, une procession solennelle était organisée chaque année le 15 août, pour la fête de l’Assomption. Elle partait de l’église Saint-Jean et se rendait jusqu’à la chapelle du Puy, à l’occasion du couronnement de la Vierge.
Symbolique de l’aigle : Dans l’imaginaire chrétien et médiéval, l’oiseau est toujours porteur d’un message spirituel, il désigne l’âme, tendue vers le ciel. Dès le haut Moyen Âge, les manuscrits carolingiens se parent d’oiseaux de Vie, tels que le paon ou l’aigle, pour évoquer la dimension céleste et éternelle de l’existence. L’aigle, en particulier, est chargé de significations multiples :
• Parce qu’il peut fixer le soleil sans ciller, il symbolise l’aspiration de l’âme vers la lumière divine.
• Il est le roi des oiseaux, souvent associé aux dieux dans les cultures antiques, et à la puissance impériale dans la Bible. Ainsi, dans les prophéties d’Ézéchiel, d’Ésaïe ou de Jérémie, le « grand aigle aux ailes déployées » incarne la domination de l’Empire babylonien.
• Au Moyen Âge, l’aigle devient un symbole de résurrection : une tradition ancienne rapporte que, lorsqu’il vieillit, l’aigle peut retrouver sa jeunesse en s’élevant vers le soleil puis en se plongeant dans une fontaine. Ainsi, la présence de l’aigle sur la croix de procession de Bourganeuf témoigne non seulement d’un savoir-faire artistique raffiné, mais aussi d’un héritage spirituel profond, enraciné dans la tradition chrétienne et la vision médiévale du monde.

Source : archives04.fr, Françoise et Jean Pierre Barbieri, Claude Royère