Cette croix en fer forgé, d’un modèle simple, est ornée de volutes décoratives. Elle est scellée dans un socle de granit cerclé de fer, et marque l’emplacement d’un ancien lieu de sépulture situé à la Chaume. Elle commémore un épisode tragique survenu en 1809, lorsque Aubusson du Bois-Vincent succomba à une forme de contagion proche de la peste, contractée en portant assistance à des prisonniers espagnols malades. Ces derniers avaient été faits captifs lors de la guerre d’Espagne (et non, semble-t-il, de la guerre des Flandres, et transférés dans la région. Sur les 1 500 prisonniers arrivés à Limoges, 254 périrent. Ceux qui furent internés à Bourganeuf connurent le même sort. À la Chaume, un cimetière spécifique fut établi pour enterrer les victimes de l’épidémie. Aubusson du Bois-Vincent, qui possédait avec son frère cette propriété, aurait proposé d’y inhumer les prisonniers décédés. Sa connaissance de la langue espagnole, acquise lors d’un précédent exil, lui permit de dialoguer avec les malades et d’apporter un soutien humain et spirituel important. Malheureusement, il fut lui-même emporté par la maladie au début du mois de février 1809. Selon les témoignages, onze prêtres des environs, ayant eux aussi soigné les malades, trouvèrent la mort dans les mêmes circonstances. La croix des Espagnols reste aujourd’hui un témoignage silencieux de ce drame humanitaire, mêlant charité chrétienne, mémoire funéraire et souvenir d’un épisode méconnu de l’histoire locale.
Source : Archives révolutionnaires page 373, Claude Royère