Croix en Creuse
Les témoins de notre histoire

Cette croix sobre, entièrement réalisée en bois, est solidement fichée dans une pierre brute servant de support. Elle ne comporte aucune ornementation sculptée ni inscription. La croix se situe au cœur d’un espace forestier, en bordure d’un ancien chemin creux. Ce chemin constituait autrefois l’itinéraire reliant le village à la ville de Guéret. La croix a été réalisée puis restaurée par le menuisier de la commune, Michel Bertrand, contribuant ainsi à la préservation de cet élément du patrimoine religieux. Josiane Guerrier a toujours entendu conter par son aïeule, Juliette Birat, une légende liée à la croix de La Birette : c’est l’une de ces humbles croix qui servaient de reposoir lors du transport des défunts. Par un petit matin d’hiver, l’oncle Victor fut porté en terre par six de ses amis qui avaient, la veille au soir, fêté dignement la disparition de leur compagnon, tandis que les femmes du village priaient en silence auprès du mort. Aimable et joyeux drille, Victor n’aurait pas souhaité qu’il en fût autrement. La messe devant être célébrée à neuf heures le lendemain, ils se mirent en marche dès potron-minet, le chapeau sur la tête et les poches remplies de châtaignes chaudes pour se réchauffer les mains. Après deux heures de marche, épuisés d’avoir porté le corps de Victor sur leurs épaules, les six amis firent halte au pied de la Croix, située au cœur de la châtaigneraie. Après avoir rangé les restes de leur collation dans un baluchon, ils retournèrent vers l’endroit où ils avaient déposé Victor. Mais le cercueil avait disparu. Pourtant, c’était bien là qu’ils l’avaient posé, sûr et certain ! Juste sous la croix. Que s’était-il passé ? Jules émit l’hypothèse que le grand animal blanc aperçu quelques minutes plus tôt devait être une Birette (un loup-garou femelle), peut-être même un diable. Il aurait emporté le corps de Victor, et avec son corps, son âme. Il est vrai que Victor ne s’était pas toujours comporté de manière exemplaire…

Source : Josiane Guerrier, Claude Royère