Cette haute croix pommelée, en bois, présente en son centre quatre bras de force moulurés et chanfreinés. Elle repose sur une épaisse table en deux parties, assemblées à l’aide de deux clés en fer forgé. La table est ornée d’une moulure en doucine et repose sur un piédestal en pierre appareillée. C’est à cette croix que se déroulait autrefois la procession de la statue de saint Étienne, patron de la paroisse de Chéniers, portée par les jeunes gens de la commune. Cette tradition a cessé en 1936. Pourquoi cette croix est-elle appelée la « croix bleue » ? L’histoire remonte aux années 1915-1916. À cette époque, en pleine guerre, le curé Lissac demanda au menuisier de la route de Chambon de restaurer la croix. En raison des restrictions liées au conflit, ce dernier ne disposait plus ni de vernis ni de peinture traditionnelle. Il ne lui restait qu’un pot de peinture bleue, utilisé habituellement pour repeindre les charrettes. Faute de mieux, l’abbé Lissac lui demanda de s’en servir. Le résultat, aussi inattendu que marquant, donna à la croix une teinte si inhabituelle que l’on se mit à l’appeler la « croix bleue », un nom qui lui est resté depuis.
Source : Robert Champeau, Claude Royère