Croix en Creuse
Les témoins de notre histoire

Ce linteau de porte richement sculpté, daté de 1789, s’organise sous un arc légèrement surbaissé. Le décor se compose de plusieurs éléments remarquables : Un personnage debout au sommet de la croix, les bras ouverts, non crucifié, représenté en position d’orant. Cette figure, extrêmement originale dans ce contexte, pourrait être interprétée comme une figure protectrice domestique, une sorte de « gardien » placé en position d’élévation. Un ostensoir central, dont la présence renforce l’hypothèse d’un lieu de dévotion non officiel. La représentation d’un ostensoir sur un élément architectural domestique est en effet tout à fait significative. Deux petites croix latérales, équilibrant la composition. Elles peuvent évoquer les deux larrons du Calvaire, un schéma iconographique fréquent dans l’art religieux populaire. Deux étoiles à six branches, placées aux extrémités. Emblèmes protecteurs et cosmiques, ces étoiles sont fréquentes dans l’iconographie populaire, où elles évoquent souvent les astres (étoile du matin, étoile du soir). À la base du linteau se lit, gravée en creux, l’inscription : « 1789 faite par moi, René Adenis ». Cette iconographie correspond pleinement à la sculpture religieuse populaire de la fin du XVIIIᵉ siècle en Creuse, mais elle prend un sens particulier en 1789, au seuil des bouleversements religieux de la période révolutionnaire. Il est hautement probable que ce bâtiment ait servi de chapelle domestique pour les habitants du hameau et des environs durant les années 1793–1799, période des prêtres réfractaires et du culte clandestin. Selon un témoignage recueilli sur place, cette maison aurait effectivement servi de chapelle secrète pendant la Révolution. L’iconographie, la date et la nature des sculptures viennent renforcer cette hypothèse. Micheline et Louis Parot rapportent le 18 novembre 2025 : « Ces éléments sculptés proviendraient d’une ancienne chapelle dont la porte se trouve au musée de Guéret. Ils ont été intégrés dans cette construction à la demande de mon arrière-grand-père, propriétaire des lieux. »

Source : Micheline et Louis Parot, Claude Royère