Cette croix est sculptée en relief sur le point sommital d’une porte de dimensions modestes, encadrée par un arc plein cintre soigneusement appareillé en blocs de granit. La clé du linteau, taillée dans un bloc trapézoïdal, porte en son centre une croix pattée dont le relief est marqué. Celle-ci repose sur un socle triangulaire, motif fréquent dans l’iconographie religieuse où il peut symboliser la Trinité. Sur la traverse horizontale de la croix apparaissent de petits motifs en relief, difficilement identifiables mais manifestement volontaires : il pourrait s’agir de croisettes, de points ou de petites incisions rectangulaires. Ces signes pourraient évoquer les cinq plaies du Christ, ou bien constituer un décor stylisé témoignant du soin apporté à l’exécution, où un ornement discret souligne la dimension sacrée du symbole. De part et d’autre de la croix figurent des lettres gravées en creux : à gauche, une séquence difficile à lire, pouvant être interprétée comme ITT ou LTT, à droite, les lettres IHS, monogramme du nom de Jésus (Iesus Hominum Salvator, « Jésus, Sauveur des hommes »). La croix peut être datée des XVIIᵉ ou XVIIIᵉ siècles, en raison de la facture du bâti et du style de la sculpture. Toutefois, certains éléments stylistiques forme pattée, décor en relief, lettres gravées, pourraient suggérer une influence médiévale tardive, voire une origine au XVIᵉ siècle. Le hameau où se trouve cette grange est mentionné sous diverses formes au fil des siècles : Chier de Lavaux (1414), Barto du Chier de Valle (1447), Le Chier de La Vaul (1554), Le Chier de Lavaulh (1618), Le Chier de Lavaud (1790). Ces variations toponymiques témoignent de l’ancienneté du lieu.
Source : Claude Royère